Dans la stratégie impériale, la Méditerranée occupe la place la plus importante. En effet, par elle passe toutes les communications avec le monde indien et surtout les tankers charges de pétrole persan ou irakien, depuis 1936, indispensable a la guerre moderne puisqu’il alimente les navires, les avions, les blindes et tous les moyens de transport motorises. C’est aussi pour la France une artère essentielle, car elle relie la France a l’Afrique, a l’Océan Indien (Madagascar, Indochine) et, comme les Britanniques, elle compte sur le pétrole irakien qui arrive a Tripoli de Syrie depuis 1934; d’ou les propositions de Castex de concentrer sur la Méditerranée l’essentiel des forces françaises, même s’il faut abandonner l’Indochine trop lointaine.
L’extension de l’OTAN et la nouvelle politique américaine en Méditerranée et au Proche-Orient entraînent une nouvelle stratégie et une nouvelle politique dirigée désormais par les Etats Unis. Celle-ci donne à l’Italie, à Naples d’abord, à la Turquie associée à Israël, à l’Iran et à l’Arabie Saoudite ensuite, la place la plus importante.
L’instrument américain de la dissuasion est l’OTAN et les différents pactes signes avec les différents Etats de la région avec pour points d’appui majeurs, la Turquie, l’Iran, limitrophes de l’URSS, Israël et l’Arabie Saoudite fournisseur d’un pétrole accapare par les sociétés américaines. Une flotte américaine spécifique est envoyée en Méditerranée dont le haut commandement est à Naples avec des bases dispersées dont les principales se trouvent dans le bassin oriental.
Le partenariat euro Méditerranéen initie en 1995 connu sous le nom des accords de Barcelone a montre ses limites voire son échec cuisant tant les approximations dans l’approche du développement du sud de la Méditerranée sont nombreuses et les visions de très courte vue. Les liens de l’Europe avec les pays du sud de la Méditerranée existent certes, jusqu’a présent, mais sans traduire dans les faits les aspirations des peuples de la région. A vrai dire les deux principales questions portent sur les points suivants: quelle union, c’est-à-dire qu’elle doit être et comment doit s’organiser la nouvelle institution et, surtout, avec qui, c’est-à-dire quelle Méditerranée? Cette dernière question est essentielle puisqu’elle détermine la nature de la construction envisagée. Un déséquilibre en faveur des pays européens risquerait de la rendre inégale, bancale et alignée sur les seules priorités fixées arbitrairement par une commission bureau créatique. Le dialogue euro-arabe jadis, le processus de Barcelone naguère ont été paralyses par l’esprit trop étroit de pays du nord qui, a l’exception de la France, n’ont jamais su ou voulu donner un souffle volontariste et ambitieux a la construction d’un axe euro Méditerranéen, lequel il faut bien le souligner est avant tout un axe euro-arabe.
Si l’on se place dans une perspective géopolitique globale, la situation est encore plus préoccupante. On a assiste en quelques années a un déplacement du centre de gravite du monde. Autrefois place a la charnière atlantique, c’est-à-dire l’Europe occidentale pendant la guerre froide, celui-ci est désormais en Asie. Le développement économique massif de cette zone, les grandes problématiques stratégiques mondiales, la question écologique, tous sujets qui se concentrent suivant un axe Teheran-Pekin-Tokyo et dont le point de gravite est le couple Sino-indien. Dans ce schéma, la Méditerranée est „peripherisee” et renvoyée aux marches de l’Histoire et du monde en mouvement.
Les pays arabes riverains de la Méditerranée concernes par ce projet appartiennent selon lui a un espace arabe sous le parapluie de la Ligue arabe et a l`espace africain sous l`égide de l’Union Africaine (UA). Pour cela, il faut plutôt soutenir les formules de coopération entre Bruxelles, capitale de l’Union Européenne, le Caire, capitale de la Ligue Arabe, et Addis-Abeba, capitale de l’Union Africaine. Or „La capitale qui gère ce projet (d’UPM) est Bruxelles et nous ne dépendons pas de Bruxelles”, déclarait encore avec force le colonel Kadhafi lors du mini-sommet arabe de Tripoli.
La situation aujourd’hui exige la mise en oeuvre des mesures concrètes qui doivent être expliquées, comprises et prises en compte par nos sociétés civiles qui sont les premières concernees. Seule une approche inclusive et globale est de nature a faire bouger les lignes jusqu’ici conventionnelles du partenariat euro-Méditerranéen en incluant les dossiers politiques qui déterminent la crédibilité et l’adhésion des sociétés a ce grand chantier.
Il faut, pour cela, une paix entre Palestiniens et Israéliens, conçue et voulue par les deux peuples et pour les deux pays, a partir de la même éthique, des mêmes obligations et des mêmes exigences de vérité et de justice. En faisant d’une autre paix à inventer au Moyen-Orient l’un de ses objectifs prioritaires, l’Union pour la Méditerranée n’en sera que plus forte. L’UPM, gagnera en légitimité si elle sait être audacieuse, créative et cohérente avec les valeurs de justice, de dignité et de respect mieux partages, qui sont le vrai fondement de l’héritage Méditerranéen.
Ce n’est malheureusement pas, à mon sens, ce vers quoi s’oriente l’Europe qui continue a regarder vers Israël, aujourd’hui quasiment un pays membre, au détriment de la recherche d’une solution juste et durable d’un conflit vieux de 60 ans.
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