La question de l’eau est un facteur de crise au Proche-Orient. Elle fait partie de l’un des nombreux différends qui opposent l’Etat d’Israël, la Turquie et les pays arabes.
Ce problème est devenu une question politique majeure (2), venant aggraver des conflits récurrents – en particulier, le conflit israélo-arabe – ou créer de nouveaux différends, par exemple le contentieux entre la Turquie et ses voisins arabes (Syrie et Irak).
La ressource est formée par deux nappes souterraines et le bassin du Jourdain. La première nappe souterraine est une nappe littorale peu profonde, depuis Haïfa au nord jusqu’à Gaza au sud, elle est utilisée par les agriculteurs israéliens et les colons. La deuxième nappe est la nappe de Cisjordanie, c’est une nappe souterraine abondante profonde de 200 mètres et relativement bien alimentée par les pluies d’automne et les pluies méditerranéennes. La Cisjordanie constitue un mini château d’eau et la nappe phréatique est piégée dans un anticlinal, l’eau s’écoule en profondeur de part et d’autre vers l’est et vers l’ouest.
L’eau fait également figure de principale pomme de discorde entre Israël et la syrie. Israël occupe la région syrienne du plateau du Golan. Aujourd’hui, l’eau du Golan représente environ 30 % de la consommation d’eau d’Israël et le lac de Tibériade, en contrebas du plateau, constitue le principal réservoir de l’État hébreu. Le Golan est traversé par trois cours d’eau qui coulent vers les affluents du Jourdain: le Banias, le Dan et le Hasbani, qui prend sa source au Liban. Si, comme le prévoit le droit international, la Syrie réussit à récupérer le Golan jusqu’aux lignes d’avant la guerre de 1967, elle reprendra pied sur les berges du lac de Tibériade et pourra, de ce fait, revendiquer des droits sur ce réservoir, conformément aux règles internationales.
Les conflits pour l’eau, l’or bleu, pourraient se multiplier à l’infini et ils pourraient être le pendant au XXIe siècle de ce qu’ont été les conflits pour le pétrole, l’or noir, au XXe siècle. En Mésopotamie comme aux frontières avec la Turquie et Israël, la guerre de l’eau a déjà commencé et une fois de plus, le monde arabe risque d’être la victime de l’enjeu.
Les solutions existent mais restent difficiles à atteindre. Certes, des progrès techniques permettent soit d’exploiter les ressources d’une manière plus rationnelle (réserves, stockage…), soit d’exploiter les ressources illimitées des mers et des océans grâce au dessalement de leurs eaux, comme c’est notamment le cas en Arabie saoudite et dans les Etats du Golfe arabe. Mais la plupart de ces techniques sont onéreuses et nécessitent, outre les moyens financiers et le savoir-faire, une politique à long terme. D’autres solutions pourraient être envisagées sur la base d’accords entre les Etats pour gérer en commun la ressource.
En réalité, toutes les solutions exigent un climat de paix qui est loin d’être atteint. Tout dépend de la paix et, bien sûr d’une paix juste et globale. A défaut de paix, la question de l’eau deviendra une nouvelle source d’affrontements.
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