Après la guerre de 1991, le régime Saddam a été maintenu en fonction uniquement dans l’idée de prévenir une dissolution incontrôlable du pays, considérée comme favorable à l’Iran et affectant les intérêts des alliés d’alors, l’Arabie Saoudite et la Turquie. À ce moment-là, l’idée était de favoriser plutôt un coup d’État qui amène au pouvoir un leader proaméricain, mais qui continue de maintenir, même par la force, un Irak unitaire et dépourvu de tensions internes. L’administration Clinton a hérité le dossier irakien mais a accordé peu d’attention aux projets subversifs élaborés pendant les années antérieures par les services secrets, au conseil des leaders politiques républicains. Ceux-ci continuent à faire des pressions, de l’intérieur du Congres, pour soutenir un e opération qui mène à la chute de Saddam, mais la politique officielle de Washington a été plutôt de privilégier une stratégie de restriction économique et diplomatique de Bagdad et aussi de contrôler le programme d’armement. Uniquement après 1998, une fois avec le cessation de la collaboration entre le régime de Bagdad et les équipes de contrôle d’ONU, l’administration Clinton semble accorder un intérêt plus élevé aux insistances du cercle néo-conservateur du Congres, conduit par Paul Wolfowitz et Richard Pearle, et on reprend le projet de soutien de l’opposition irakienne en exil, vue comme un possible instrument de renversement du régime Saddam. En fait, le succès d’une telle action était assez peu probable, dans la mesure où les possibilités d’action des groupements d’opposition étaient assez limitées à l’intérieur du pays et surtout au niveau des cercles de pouvoir de Bagdad, où Saddam éliminait immédiatement tout possible compétiteur prouvé ou même imaginé. L’opposition même était extrêmement hétérogène, car chaque groupement, excepté le désir commun de renverser le leader irakien, était motivé par des options idéologiques et des projets particularisés. Les groupements kurdes, qui bénéficiaient de l’avantage du contrôle sur la partie nordique de l’Irak, dont l’autonomie avait été imposée à Bagdad par ONU en 1992, étaient en principal intéressés par le maintien et l’extension des privilèges résultés de cette indépendance et plaidaient en premier lieu pour l’idée d’un Irak fédéral. Les groupements sunnites ou de tendance séculariste, dont les leaders provenaient en grande partie de l’ancienne élite politique ou militaire irakienne, et réfugiés au fond des répressions entreprises par Saddam, gardaient encore les idéaux nationalistes et certains d’eux étaient les adeptes de l’installation d’un régime selon un modèle occidental; c’est surtout le cas du groupement autour de Ahmed Chalabi ou de l’Accord National Irakien, dirigé par Iyad Allawi. Enfin, les partis et les mouvements chiites étaient aussi extrêmement dépourvus d’unité, à part les rivalités idéologiques ou personnelles existant aussi l’influence des pouvoirs qui exerçaient un contrôle sur eux, surtout de Téhéran et de Damas. Malgré le financement et la ressuscitation des projets de constitution d’une coalition anti-Saddam unifiée, qui soit instrumentée dans la direction d’une insurrection de masse qui conduise à la chute du régime, son efficacité pratique a été presque nulle avant l’offensive militaire de 2003.
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