La politique arabe et méditerranéenne de la France a toujours été une dimension de sa politique étrangère, c’est du moins l’orientation voulue par son initiateur, le général de Gaulle quand il disait dès 1958 «tout nous commande, de reparaître au Caire, à Damas, à Amman et dans toutes les capitales de la région, comme nous sommes restés à Beyrouth: en ami et coopérant».
Le constat infligeant, c’est que la France a perdu entre-temps le gros de son mythe pour reprendre l’expression d’un ministre français déniant à la France d’avoir jamais eu une politique arabe ou méditerranéenne, en assurant que cette dernière n’avait été qu’un mythe. Mythe auquel avait cru pourtant, l’homme d’Etat algérien Farhat Abbas quand il écrivait: «je suis la France», le parlement égyptien quand il refusait à la Grande Bretagne, pendant la seconde guerre mondiale, de rompre les relations diplomatiques avec la France, ou encore les foules qui acclamaient de Gaulle dans les cinémas de Constantine en 1962. En somme un mythe, pris au sérieux et auquel avait cru des milliers d’Arabes.
Il faut cependant souligner qu’en regardant de plus près, la politique dite « arabe » de la France n’est nullement une invention contemporaine, elle n’est pas non plus l’oeuvre exclusive du grand combat du général de Gaulle, même si ce dernier reste et restera dans la mémoire collective comme celui qui a su initié et mené une véritable politique arabe. Elle est en effet beaucoup plus ancienne, plus enracinée dans les fondements même de l’histoire diplomatique de la France.
[…] Mohamed TROUDI – La politique arabo-mediterraneenne de la France et de l`Europe: un constat d`échec […]