Mara N. POPP
“Shqiptar përpara (T. Selenica)
Articol publicat în Buletinul Societăţii Regale Române de Geografie, Tomul L, 1931, Atelierele Grafice SOCEC&Co., S.A., Bucureşti, 1932, p.227-236.
Il n’y a que peu d’états européens qui n’aient pas une religion nationale, l’Albanie en est un, car sa population est divisée en trois confessions dont deux chrétiennes – l’orthodoxe et la catholique – et la troisième musulmane: sunite; de cette dernière est issue la secte de bectasistes.
I. La répartition des confessions.
Tandis que pour prèsque tous les pays d’Europe c’est la carte ethnographique qui est intéressante, pour ce qui est de l’Albanie c’est la carte des confessions qui passe au premier plan. Il ne peut même pas être question de carte ethnographique car il n’y a pas d’éléments étrangers en dehors des quelques dizaines de milliers de Roumains (75.000 environ) qui à l’heure qu’il est, sont sur la voie de l’assimilation à cause de leurs relations très amicales avec les Albanais; en ce qui concerne le peu d’Italiens qui s’y trouvent, ils ne comptent pas dans une carte ethnographique, étant des éléments passagers.
La carte des confessions est le résultat de la statistique officielle de 1923, publiée dans la “Shqipria” de T. Selenica, alors que le chiffre de la population s’élevait à 802.813 habitants. (En 1930: 1.003.124 habitants).
Pour mettre en évidence le plus exactement possible le mode de répartition par confessions de la population, on a employé la méthode du point, suivant la quelle chaque point correspond à 100 habitats.
Prèsque deux tiers de la population de ce petit pays son musulmans (65%); un quart sont orthodoxes (24%) et un huitième sont catholiques (11%) , .
On remarque sur la carte que ces trois confessions sont groupées selon un certain ordre: ainsi, au centre du pays il n’y a que musulmans, qui sont d’ailleurs les plus nombreux. En réalité il y a des musulmans dans le dix départements du pays, mais ils sont en plus grande proportion dans ceux du centre: Dibra (98%), Cosova (89%) et Tirana (98%).
Dans la région du midi les orthodoxes sont groupés dans les régions de la Coritza, de la VoÏuse supérieure, autour de Valone; ils sont les plus nombreux dans l’Argirocastre (51%). La ville de Coritza est la seule de toute l’Albanie dont la population orthodoxe forme la majorité (80%).
En dernier lieu, les catholiques occupent au nord la partie ouest des Alpes albanaises (Malsia e madhe) dont le centre est dans le département de Scutari (67%).
II. Organisation de l’église.
Ces trois religions ont des organisations différentes. Ainsi l’église musulmane et l’église orthodoxe sont autocéphales. En 1922 a eu lieu le premier congrès à Tirana, où les Albanais musulmans proclamèrent la rupture des relations spirituelles avec la Turquie, ce qui ammena l’indépendance de la mosquée mahométane albanaise. Le chef et représentant de cette église, c’est le Mufty, dont les subordonnés portent le même nom. Les mufties s’occupent des question administratives et financières des mosquées, tout en inspectant leurs “diocèses” au moins une fois par an.
En Albanie il y a la secte musulmane des bectasistes (qui reconnaissent Ali pour prophète). Cette secte n’est pas connue par les Sunites ou musulmans proprement ont dits.
Les bectasistes ont leur centre en Asie mineure. Les principes religieux de cette secte musulmane ont des parties communes avec la religion orthodoxe, comme par exemple l’existence des monastères habités par des moines nommés “Derviches”. Cette secte compte parmi ses fidèles un grand nombre d’Albanais; elle est bien organisée et a de nombreuses églises ou plutôt maisons de prière, car, en effet, ces maisons-là ne diffèrent que fort peu des maisons habitées; dans toute l’Albanie ces maisons portent le nom de “téqé” . On ne connaît pas exactement le nombre des bectasistes; en tout cas il doit être de 150.000 au minimum. Il y en a au nord comme au centre où ils sont groupés dans la région de Tirana, d’Elbasan et de Bérat. Les plus nombreux se trouvent au milieu même des orthodoxes, dans la région de la Coritza et de l’Argirocastre.
Leur doctrine est une tendance de rapprochement du christianisme. Mr. Baldacci écrit dans “l’Albania”: “I bectasci sono ritenuti eretici dai Turchi perchè pur credendo in Maometto come grande e vero profeto, credeno anche in Cristo e in tutti I buoni!” (page 301). Du fait même que cette secte a son origine en Albanie, on peut déduire qu’elle ne représente qu’une “union” très marqué des orthodoxes indigènes avec l’Islām apparu plus tard. Dans le bectasisme, islam-orthodoxe . Malgré tous les essais de rapprochement, les bectasistes n’étant pas reconnus par la religion musulmane, ils ont proclamé l’indépendance du bectasisme albanais, sous la direction des chefs nommés “babà”. Leurs prêtres portent le nom de “sheh”, les derviches étant plutôt des moines, tout comme ceux des orthodoxes, célibataires justement afin de se dévouer complètement à leur foi. Ils vivent dans des monastères où se trouve d’habitude quelque tombeau sacré,dont la garde leur a été confiée.”Chaque téqé est autonome du point de vue administratif et spirituel” .Si le rapprochement entre les musulmans et les bectasistes ne peut être effectué du point de vue religieux, – du point de vue politique ils sont parfaitement unis.
La deuxième confession prépondérante dans ce petit état est la religion orthodoxe qui, tout comme la musulmane, est devenue autocéphale à partir de Février 1929, – elle a obtenu cette indépendance à la suite de longs pourparlers avec le patriarcat de Constantinople. Les premiers mouvements ont commencé à partir de 1922, et même avant -; ils ont été provoqué par les instigations des associations d’Albanais D’Amérique. L’église orthodoxe commence à s’affirmer comme église nationale par le congrès de Bérat, en demandant au patriarche, entre autres,le droit d’officier dans la langue nationale, car, jusqu’alors on officiait en grec. C’est parce que la substitution de l’Albanais au Grec n’était pas agréable aux évêques grecs, que l’autorisation a tardé si longtemps. L’énergie de plusieurs prélats albanais et l’intervention politique ont réussi à réaliser cette substitution; d’ailleurs l’indépendance de l’église orthodoxe n’était qu’une conséquence naturelle dans l’évolution du peuple albanais. A la suite de cette décision il y eut un métropolite pour chef de l’église, dont le diocèse fut divisé en 4 évêchés: de Bérat, de Valone, d’Argirocastre et de Coritza. La résidence du Métropolite, comme des autres, chefs d’église, est à Tirana, car, quoique les orthodoxes y fussent presque inexistants, l’organisation de l’état exigeait que les chefs de culte eussent leur résidence dans la capitale.
La majorité des orthodoxes se trouve dans le midi, mais on les rencontre aussi sous forme d’îlots isolés parmi les masses musulmanes et même parmi les catholiques du centre et du nord, constituant la seule confession albanaise qui apparaît – ne serait-ce que sporadiquement -– comme étant répandue sur tout le territoire du pays.
La religion catholique est la troisième d’Albanie, elle ne compte que les fidèles les moins nombreux. Ce dernier culte n’est pas constitué, comme les deux autres, en église nationale: il est sous la dépendance du Saint-Siège de Rome. L’église est organisée comme le sont toutes les églises catholiques: elle a un archevêché a Scutari, qui est d’ailleurs le centre catholique. C’est surtout en vue de la propagande qu’on a fondé un second archevêché à Durazzo, pour le petit nombre de fidèles qui se trouvent dans la masse compacte des musulmans.
Cette église ne saurait se proclamer indépendante, à son tour, car l’entretien en est coûteux et exige de grandes dépenses que les gouvernement albanais n’est pas en mesure de supporter. Le clergé catholique est d’origine albanaise, mais il est formé dans les écoles étrangères, surtout dans les séminaires du Tyrol, sans parler des séminaires de l’ordre franciscain et de l’ordre jésuite (italien), fondés dernièrement à Scutari.
On trouve les origines de cette troisième confession à l’inauguration dans les Balkans de la politique allemande et autrichienne “Drang nach Osten”, après la paix de Carlosion autrichienne en Dalmatie, de telle sorte que le catholicisme en Albanie, lion d’être d’origine italienne, comme avait été porté à la croire Mr. Baldacci – est de provenance autrichienne. Pourtant nous lisons dans “l’Albania” à la page 303:
Vi fu un periodo nell’ Albania settentrionale (XVI secolo) in cui la maggior parte della popolazione passo all’islamismo, conservando molto abitudini cristiane e questa conversione fu così poco profonda che non si sapeva di molti si erano diventati musulmani o se, invece, si dovevano ancora considerare catolici”. Mr. Baldacci affirme qu’au XVI-ème siècle une grande partie de la population a embrassé l’Islāmisme, ce qui serait une preuve que cette population ètait catholique. Or on connaît les origines du catholicisme dans les Balkans, de telle sorte qu’il est difficile d’admettre que des conversions au catholicisme aient pu avoir lieu dans les masses musulmanes et parfois parmi les orthodoxes qui se trouvaient en ces lieux avant la fin du XVI-ème siècle. On ne saurait admettre la possibilité d’une expansion du catholicisme au XVI-ème siècle, justement à une époque où, par de nombreuses réformes religieuses, on avait commencé une vraie persécution morale du monde catholique.
D’ailleurs en ce qui concerne le culte, les catholiques vénèrent Saint Nicolas – le populaire sait orthodoxe – plus que Jésus – Christ .
En conclusion ces trois confessions sont répandues comme il suit:
Les catholiques habitent surtout la région comprise entre le Drin et le Mati, ayant pour centre Scutari, les musulmans habitent au sud du Mati jusqu’à la Voïuse et occupent également, par masses compactes, les territoires qui se trouvent entre Mati et Semeni; quant aux orthodoxes, ils sont plus nombreux au sud de la Voïuse; ils sont assez répandus pourtant entre Scumbi et Semeni, en Muzachie, où vivent le Coutzo-Vlacs qui sont presque exclusivement orthodoxes.
Il est sans doute curieux de constater que dans ce pays à trois confessions, aucune d’entre elles n’a été proclamée religion d’état, malgré l’exemple d’autres pays, comme la Yougoslavie où – quoiqu’en Croatie il y ait des catholiques el en Bosnie des musulmans et quoique les orthodoxes forment à peine 50% de la population – la religion de ces derniers est la religion d’état.
On pourrait en trouver une explication dans le fait que le sentiment national pénètre profondément chaque individu et y est ancré jusqu’à en vaincre le sentiment religieux. Entre eux, avant d’être catholiques, orthodoxes ou musulmans, ils sont Albanais.
Tous les représentants de ces trois religions se respectent mutuellement et se considèrent réciproquement avec une sincère tolérance. Ainsi, à un congrès à Elbasan quelqu’un disait en désignant ses collègues; “lui catholique, lui orthodoxe, moi musulman, mais tous Albanais“ . Ce sentiment national qui les lie tous étroitement les rend indulgents même en ce qui concerne leurs propres maisons de prière, et leur fait admettre sous le toit d’une même église, alternativement, bien entendu, les fidèles de deux religions. Nous en trouvons un exemple dans l’église de Caménitza, où se réunissent les orthodoxes qui lui donnent le nom de Shën Kolli (Saint Nicolas), la même église servant également aux musulmans qui la nomment Haidar Baba . Il se passe la même chose entre orthodoxes et bectasistes, qui ont même des Saints communs, que les uns fêtent aussi bien que les autres. C’est le cas du monastère orthodoxe Saint-Naoum, qui se trouve actuellement sur le territoire de la Yougoslavie, et que les bectasistes considèrent comme un temple saint.
On peut dire que les Albanais ont l’habitude religieuse plutôt qu’un vrai sentiment religieux, ce qui justifie et explique leur puissant sentiment national (Dans la cité de Bérat-Cala il n’y a que 40 églises environ pour 1.000 habitants).
Il est intéressant de chercher l’explication du fait qu’en Albanie il y a tant de musulmans en masse compacte à peine interrompue, ça sa et là, par quelques îlots d’orthodoxes, tandis que dans le nord ce sont les îlots de musulmans qui sont rares dans la masse des catholiques. Des temps les plus reculés, ces habitants ont vécu sous l’influence de l’empire de Byzance, et par conséquent en ont subi la protection religieuse; il était donc naturel que les habitants fussent orthodoxes. De sorte que la présence de la masse de musulmans ne saurait être attribuée à une dislocation de la population et à la substitution des musulmans de nationalité autre qu’albanaise; elle s’explique, au contraire, par la conversion de la population indigène de religion orthodoxe à la religion musulmane. Cette conversion a dû avoir lieu à partir des premières années du XV-ème siècle, peu de temps après la mort du très brave Georges Kastrioti, surnommé Skenderbeg, qui avait été élevé comme otage à Constantinopole, dans la foi musulmane, mais qui a vécu toute sa vie en vrai chrétien.
Il ne faut pas perdre de vue le fait que les Turcs ont exercé une domination effective en s’appuyant sur le peuple albanais en tant que bon guerrier. Cette conversion a été en partie imposée, mais elle s’est effectuée surtout par des moyens pacifiques. Les musulmans seuls avaient des droits civils dans l’empire ottoman, eux seuls pouvaient jouir pleinement d’une vraie liberté dans leurs actions. Ce fait a tenté le chef de famille chrétienne et l’a fait passer à la région musulmane afin de pouvoir protéger sa famille. (Un phénomène analogue a eu lieu sur les territoires occupés par les Hongrois: beaucoup de familles roumaines se sont converties au catholicisme ou au calvinisme). Peu à peu les autres membres de la famille, surtout les fils lors qu’ils s’établissaient à leur tour en fondât des familles, faisaient même chose, et ainsi de suite, et la religion musulmane gagnait du terrain au détriment de l’orthodoxe. Il y a un grand nombre de familles à présente musulmane, où l’on trouve, dans quelque prièce de leur vieille maison ou bien enterrés dans les caves, des vêtements sacerdotaux ayant appartenu aux membres de la famille. On en déduit que ces familles musulmanes avaient été orthodoxes au début.
III. La plus ancienne confession albanaise.
De ce que nous venons d’exposer on peut déduire cette affirmation: la première confession des Albanaise a été l’orthodoxie. Ont peut la déduire car il y a plusieurs preuves à l’appui de cette théorie.
1) Si nous considérons la carte ci-jointe nous remarquons des îlots d’orthodoxes dans la masse musulmane, ce qui prouve que les premiers se sont faufilés pendant des siècles en gardant leur religion initiale. S’il en était autrement, s’ils avaient été convertis à l’orthodoxie, ils ne seraient pas restés aussi isolés, mais au contraire, ils auraient formé une masse compacte comme Albanais catholiques du nord . Un indice, qui est en même temps un trait caractéristique de ce peuple, nous est fourni pas le fait que le sentiment religieux est subordonné au sentiment national. L’albanais musulman est en premier lieu Albanais, car dans sont âme s’est pieusement conservée l’image du héros national chrétien – Kastriot – tout comme dans l’âme des chrétiens, quoique, tout en luttant pour sont pays Kastriot eût luté contre “les mécréants”. S’il n’en était pas ainsi, quelle serait l’explication du fait que, dans un pays où l’élément musulman dépasse en nombre tous les autres réunis, on ne chôme pas le vendredi, mais le dimanche et que l’on respecte beaucoup de fêtes orthodoxes. En deuxième lieu, quoique la polygamie eût été / jusqu’à ces derniers temps encore / un usage très naturel dans le monde musulman, jamais l’Islām albanais n’a été conçu autre que monogame. Ne serait-ce pas là la trace de la foi orthodoxe?
2) Ce sont généralement les grands propriétaires, qui possèdent de vastes domaines et des villas entières, qui sont musulmans, comme par exemple: le pacha d’Elbasan, le bey de Bérat, etc., tan disque les orthodoxes sont de petits propriétaires, surtout des cultivateurs. Ce qui prouve que les musulmans privilégiés pouvaient agrandir leurs domaines aux dépens des orthodoxes.
3) Comment expliquer d’ailleurs l’existence de villages aux noms significatifs, qui prouvent que, quoique habités exclusivement par des musulmans ils ont des appellation de Saint de l’église orthodoxe,ce qui met en évidence l’existence de l’ancienne population de rite gréco oriental:
Shëmriza: Saine Marie Shëmriza: Saine Mariá
Shënapremtja: Sainte Vendredi Shijaku: Saint Jaques
Shëngjergji: Saint Georges Shënjani: Saint Jean
Shënkollassi: Saint Nicolas Shënmaitra: Sainte Démetre
Il y a encore d’autres communes ayant le nom des mêmes saint et qu’habitent encore des orthodoxes , , Si les orthodoxes ont été mieux conserves dans le sud, c’est à cause qu’ici ils avaient comme voisins les Grecques orthodoxes, tandis que dans le nord ils ne viennent pas en contact qu’avec les Bosniaques musulmanisés dès le XV-eme siècle. Si l’on fait une statistique concernant les églises des trois religions et leurs prêtres, l’on trouve:
Mosquées: 1.127 hodges: 1.306
Téqé: 260 sheh: 596 baba: 55
D’autre part on prouve chez les orthodoxes 844 églises 70 monastères et 628 prêtres. Quoique 1/4 seulement de la population soit orthodoxe de nombre des églises dépasse 900, tandis que les mosquées et les téqés ne sont que 1300 quoique le nombre des musulmans atteigne 2/3. En échange, les prêtres orthodoxes ne sont que 600 tandis que les hodges et les shehs dépassent le chiffre de 1900. Qu’este-ce que ce la signifie? Que les églises orthodoxes sont trop nombreuses pour les fidèles qui leur restent, pas même un prêtre par église. Ainsi, dans un grand nombre de communes autour de Coritza, le centre orthodoxe, il advient que des 5,6 ou même 7 églises d’un village, on n’officie, que dans une seule, les autres étant fermées. C’est encore une preuve de la manière dont les orthodoxes ont été disloqués par les musulmans formés après l’invasion turque.
5) L’architecture même des églises orthodoxes, qui sont petites et dépourvues de clocher, sous forme de simples maisons pourvues seulement d’une petite croix, pour passer plus facilement inaperçues par les maîtres turcs, met en évidence la situation opprimée de orthodoxes au temps de l’occupation turque. Il y a cependant de vieilles églises orthodoxes, du XI-ème et XII-ème siècles, comme celle de Mboria (près de Coritza) qui ont un haut clocher, toute la bâtisse étant du plus pur style byzantin. Ce qui est curieux, c’est que les deux styles d’église, le byzantin et l’autre plus récent, sans clocher, se trouvent dans le même village dont les habitants sont à présent en majorité musulmans.
Quant aux églises catholiques, neuves prèsque toutes, elles dressent leurs hautes campaniles, dénonçant la jeunesse du catholicisme albanais, car ce qui s’est passé au XV-ème et XVI-ème siècles, pour l’orthodoxie s’est répété au XVII-ème, cette fois pour les musulmans du nord qui se trouvaient dans la sphère de l’influence catholique autrichienne.
6) La mode du voile sur le visage, que le coran impose aux femmes musulmanes, apparaît dans la partie du nord de l’Albanie même chez les femmes catholiques, qui s’obstinent à le porter, et ne veulent pas y renoncer quoiqu’on ait pu faire pour tenter de les moderniser. Le voile que portent les catholique fanatiques “mali sore” ou “miridite” est un vestige de la foi, musulmane qui fut celle des montagnards albanais avant qu’ils se convertissent au catholicisme . De nos jours les musulmans ne subsistent autour de Scutari que sous forme d’enclaves. D’autre part la religion de Mahomet n’aurait pas pu prendre racines dans la péninsule des Balkans, et surtout en Albanie, avant l’invasion des Turcs en Europe. Par conséquent si le catholicisme d’Albanie s’est superposé au mohométisme, à plus forte raison ce dernier n’a pu que se superposer à l’orthodoxie. Quoique la population de l’Albanie soit à présent divisée en ces confessions “sui generis”, lorsque le besoin s’en fait sentir, quand des intérêts politiques les réclament tous dans la même direction, ils se groupent ensemble et, sans aucune hésitation, ils font abstraction de leur religion, car ils sont Albanais avant d’être orthodoxes, catholiques, sunnites ou bectasistes. Sans doute y a-t-il de nos jours une nouvelle tendance vers le christianisme, car ce dernier, à coté d’autres circonstances politiques, pourrait faciliter de beaucoup l’entrée de l’Albanie dans le concert des états européens, car il pourrait aider à resserrer les rapports avec les autres pays, car, si en Albanie ces différentes confessions n’ont qu’une importance infime dans la vie de l’état, elles jouent un grand rôle dans la politique externe. Si l’on tient compte des arguments exposés jusqu’ici, et si l’on considère en l’interprétant correctement la carte ci jointe, on arrive sans aucun doute, à la conclusion que l’orthodoxie représente la première confession albanaise.
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