Barthélémy COURMONT et Vivien LEMAIRE
En analysant la montée en puissance de la Chine – un carrefour historique de civilisations – Barthélémy Courmont et Vivien Lemaire (1) conduisent dans cet article une approche originale, avec un regard détourné de la simple lecture géographique et/ou de l’affrontement sino-américain, qui bien évidemment demeure en arrière-plan.
Le propos part délibérément de la dynamique centrifuge de l’Empire du Milieu, en questionnant par la multitude d’accords, les relations en train de se tisser avec ses voisins. Si la recherche d’intégration est d’abord régionale (« Priorité de Pékin : la plaque eurasiatique » selon Emmanuel Véron), avec la construction d’une profondeur stratégique vassalisée (Russie, Europe ?), il n’y a guère de doute ou d’ambiguïté stratégique sur le long terme. C’est la diminution de l’influence américaine et occidentale qui est en ligne de mire, en proposant un nouveau modèle de développement.
Si la Chine affiche la volonté d’une sécurité commune et d’un consensus à partir d’intérêts croisés pour structurer la région et la mondialisation en utilisant sa masse critique, l’ambiguïté demeure sur la nature des liens qui se construisent avec ses voisins. Dans un ordre international fracturé, elle veut incarner une nouvelle gouvernance, un ordre multilatéral encore incertain « dans ses déclinaisons de voisinage ». Comme l’indique le titre de cet article, la question reste entière…
(1) Barthélémy Courmont est professeur à l’Université catholique de Lille, directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS).
Vivien Lemaire est doctorant à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), où il travaille sur les stratégies d’influence culturelle des Etats-Unis et de la Chine.